jeudi 13 mai 2010

KARINE ELHARRAR ET LES CLINIQUES DU DROIT DE BAR-ILAN







Vous avez dit « clinique du droit » ? L’expression, calquée sur l’américain, est encore peu utilisée. Mais après le premier effet de surprise, elle dit bien ce qu’elle veut dire. Elle s’applique à des initiatives tendant à améliorer certaines situations juridiques. Par exemple, la condition des handicapés. Le droit ordinaire traite en effet des problèmes des gens ordinaires. Il est souvent inadapté aux cas exceptionnels, sortant de la norme.

Me Karine Elharrar, une avocate qui dirige les cliniques du Droit de la faculté de Droit Yaakov Hertzog de l’université Bar-Ilan, explique : « Un jour, les parents d’un homme de 38 ans victime d’un handicap mental très lourd, sont venus nous demander de l’aide. Chaque parent souffrait de maladies sévères et commençait à crouler sous le poids que la garde de leur enfant leur imposait, une tâche qui devenait de plus en plus compliquée pour eux. Malgré le refus de prise en charge du fils en maison d’accueil, notre équipe juridique est intervenue et a réussi à lui trouver une institution conforme à ses besoins ».

Elle ajoute : « Le programme des cliniques du Droit agit dans plusieurs domaines, souvent mis malheureusement de côté par le système juridique de notre pays… Nous dispensons avant tout des services professionnels gratuits aux personnes dans le besoin et issus des classes sociales les plus vulnérables. Nous permettons ainsi à nos étudiants en Droit d’acquérir une expérience pratique de la profession grâce à un contact avec les clients, ce qui complète leur formation théorique. Enfin, notre mission est de promouvoir une législation visant à l’amélioration du droit civil. »

La faculté Yaakov Hertzog, créée voici quarante ans, est la seule en Israël à offrir un tel programme d’aide juridique, auquel participent tous les étudiants de premier cycle. Ses sept cliniques du droit portent sur l’environnement, les droits des personnes handicapées, ceux des femmes et de la famille, le droit pénal et la médiation juridique, et enfin le droit hébraïque, qui régit les instances religieuses habilitées en Israël à régler des conflits monétaires. Elles donnent aux étudiants une connaissance et un vécu de la responsabilité sociale qui leur incombe. Dans le même temps cette activité leur confère une expérience professionnelle valorisante qui aura bien sur un impact sur leurs futures opportunités de carrière, ce qui n’est pas négligeable.

« Je me suis portée volontaire en temps qu'étudiante, et c’est au cours de mon master de Droit à Washington que j’ai intégré deux ONG qui s’occupent des droits des personnes handicapées moteurs ou mentaux » , poursuit Karine. Cette jolie jeune femme est particulièrement motivée : elle-même handicapée, elle ne se déplace que dans une sa chaise roulante. « Il y a tant de choses dont nous pouvons être fiers. La clinique du droit de la famille a déjà rédigé une proposition de loi (récemment adoptée par la Knesset) qui régira de manière plus juste les différents d’ordre financier entre un couple en divorce mais dont le guet, la procédure religieuse nécessaire, tarde à être prononcé. La clinique pour l’environnement a réussi à freiner des projets d’aménagement du territoire qui menaçaient de porter gravement atteinte à des réserves naturelles dans le pays. Dans ma propre clinique, nous avons obtenu du tribunal l’annulation d’un règlement qui empêchait les enfants gravement handicapés de bénéficier d’assistants personnels dans les classes à l’école. »

Le professeur Arié Reich, doyen de la faculté de Droit , explique comment ce programme se marie à perfection avec la vision qu’a Bar-Ilan du rôle éducatif et social de l’université : « Nous voulons faire comprendre à nos étudiants que leur formation n’est pas seulement un investissement personnel, mais aussi et surtout, un investissement pour la société et au pays. »

Pendant l’année universitaire 2010, 187 étudiants et onze avocats prennent part aux cliniques de droit. Ils traiteront probablement 6000 plaintes. L’université Bar-Ilan prévoit l'ouverture l'an prochain de deux nouvelles cliniques: l'une en droit du travail et l'autre pour les questions d’ordre légal liées à l'éducation.

Pour Karine Elharrar, ce n’est qu’un début : « Notre véritable but, à terme, est de créer une nouvelle génération d’avocats et de magistrats plus ouvert à leur prochain. »


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